Neurones Miroirs

 

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Le Dossier

Les neurones miroirs désignent une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu’un individu exécute une action que lorsqu’il observe un autre individu exécuter la même action, ou même lorsqu’il imagine une telle action, d’où le terme miroir. Il existe également des neurones échos.
En neurosciences cognitives, les neurones miroirs joueraient un rôle dans la cognition sociale, notamment dans l’apprentissage par imitation, mais aussi dans les processus affectifs, tels que l’empathie.
Les neurones miroirs sont considérés comme une découverte majeure en neurosciences.
L’identification de neurones miroirs au cours des années 1990 est due à l’équipe de Giacomo Rizzolatti, directeur du département de neurosciences de la faculté de médecine de Parme.
Ils ont d’abord été observés dans le cortex prémoteur ventral du singe macaque rhésus.
Chez l’Homme, il existe depuis avril 2010 une preuve directe de l’existence de neurones miroirs. Par imagerie cérébrale fonctionnelle, il est possible d’observer dans certaines régions du cortex cérébral (notamment autour de l’aire de Broca, homologue à l’aire F5 du singe, et au niveau du cortex pariétal inférieur) une activation à la fois quand l’individu produit une action et lorsqu’il observe un autre individu exécuter une action plus ou moins similaire.
La particularité de ces neurones tient au fait qu’ils déchargent des potentiels d’action pendant que l’individu exécute un mouvement (c’est le cas pour la plupart des neurones du cortex moteur et prémoteur) mais aussi lorsqu’il est immobile et voit (ou même entend) une action similaire effectuée par un autre individu, voire seulement quand il pense que ce dernier va effectuer cette action.
Les neurones miroirs sont donc définis par deux propriétés :
• leur caractère miroir. Le fait qu’ils réagissent aussi bien aux actions de soi que d’autrui.
• leur sélectivité. Chaque neurone ne répond qu’à un seul type d’action, mais ne répond pas (ou peu) quand il s’agit d’un autre geste. Par exemple, un neurone sensible à un mouvement de préhension de la main ne réagira pas si l’individu effectue un autre geste (comme une extension des doigts) ou si cet autre geste est effectué par un autre individu.
Un certain nombre de chercheurs (comme le psychologue Frans de Waal, Jean Decety et Vittorio Gallese) ont avancé que les neurones miroirs jouent un rôle important dans l’empathie, c’est-à-dire dans la capacité à percevoir et reconnaître les émotions d’autrui, notamment sur la base du fait qu’un système miroir semble exister pour les émotions. Par exemple, la partie antérieure du lobe de l’insula, est active aussi bien quand la personne éprouve du dégoût que lorsqu’elle voit quelqu’un exprimant du dégoût. Cela éclaire d’un jour nouveau le phénomène connu de contagion émotionnelle et les effets de masse.