Emmanuel Icardo
« C'est en partie pour faire connaître le modèle français que j'ai intégré la fédération européenne. »
Technicien patrimoine au Parc national des Écrins, Emmanuel Icardo est devenu secrétaire de la Fédération européenne des gardes nature créée en mai 2017 sous l’égide de l’International Ranger Federation.
Quand il part en vacances, en France ou ailleurs dans le monde, Emmanuel Icardo consulte toujours un annuaire précieux avant de partir : celui des rangers. Entendez, les gardes nature. Il se débrouille généralement pour faire un crochet par l'un des deuxmille-cinq-cents parcs reconnus par l'UICN et rencontrer l'un de ses homologues internationaux. « Beaucoup de gardes nature sont des voyageurs ; on ne manque jamais de venir saluer nos collègues quand on passe quelque part », explique le technicien.
Lutte contre le braconnage, pédagogie auprès de publics divers, reconnaissance du métier de garde nature par le grand public, les rangers font face à des problématiques communes, qui ne leur font cependant pas oublier la grande disparité des moyens et des contextes avec et dans lesquels ils œuvrent au quotidien.
« Échanger sur site, c'est toujours très enrichissant tant sur un plan professionnel que personnel. »
Comme il en témoigne, si « les rangers du monde entier sont tous animés par la même passion de la nature et par la même notion de servir l'intérêt général », leurs fédérations internationales se heurtent souvent à la même difficulté : celle de la langue.
PARTAGER L’EXPÉRIENCE FRANÇAISE
« On a une multitude de bonnes pratiques à partager, ce qui peut nous éviter de réinventer l'eau tiède dans notre coin, constate Emmanuel Icardo. Les gardes danois, par exemple, sont très engagés dans la pédagogie pour reconnecter les gens à la nature, dans un pays très urbanisé. On peut donc s'inspirer de leur savoir-faire. » Les gardes français bénéficient quant à eux d'un dispositif de formation continue proposé par les pouvoirs publics que leur envient beaucoup de rangers européens, formés plutôt par leurs associations nationales, au gré des moyens. « C'est en partie pour faire connaître le modèle français que j'ai intégré la fédération européenne », souligne-t-il.
CHANGEMENT DE VOIE
Comme beaucoup de ses collègues rangers des quatre coins de la planète, son métier, « c'est le résultat d'un rêve de gosse. » Issu d'une formation d'ingénieur en mécanique en 1995, Emmanuel Icardo, aujourd'hui âgé de quarante-cinq ans, s'est tardivement rendu compte que « sa voie n'allait finalement pas être celle de [ses] études, qui n'était pas en lien avec [sa] passion de gamin, la montagne et la nature ». Petit, il assistait avec beaucoup d'intérêt aux projections de films organisées par les gardes au Parc national du Mercantour, dont il a vu les débuts. Ce souvenir encore vif en tête, il parvient à faire son service national dans l’établissement. Et là, c'est le déclic, fini la mécanique. Il reprend alors des études pour passer un master spécialisé en environnement. Un nouveau départ qui le mènera jusqu'à l'obtention du concours de technicien des parcs nationaux en 2000.
Après plusieurs années dans les Parcs nationaux du Mercantour et des Pyrénées, il exerce désormais depuis deux ans une mission d'organisation des suivis et de valorisation scientifiques dans le secteur du Valbonnais dans les Écrins. À l'interface entre la recherche et les opérations techniques en montagne (comme le marquage), Emmanuel Icardo se réjouit que le « terrain fasse pleinement partie de [son] métier », entre récolte de données, observations naturalistes et discussions avec les gens qu'il rencontre. Une façon d'être « en prise avec les sujets » qui permet « qu'en discutant une demi-heure sur le terrain avec un agriculteur ou un forestier, on avance parfois davantage sur un problème qu'en une demi-journée de réunion! »