Égalité ? Face aux normes

 

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Le courrier

Louis-Philippe Blervacque
Président de l’Association française des ingénieurs écologues

Le numéro n°36 d’Espaces naturels faisait état du projet de normalisation de la méthodologie de conduite de projet de génie écologique appliqué aux zones humides, cours d’eau et aux interfaces terre-eau (norme NF X10-900). Ce projet a le grand intérêt de structurer une démarche d’étude et de maîtrise d’œuvre des travaux sur les milieux naturels en intégrant une coordination pour la biodiversité et une approche sociétale et environnementale volontariste.
L’Association française des ingénieurs écologues (Afie) reste cependant attentive aux situations des petites structures spécialisées en expertises et ingénierie écologiques qui, tout en ayant des compétences techniques pointues, disposent de moyens économiques limités. Les prestataires de toute taille doivent être en mesure d’appliquer cette norme.
Par ailleurs, la rédaction du projet mériterait une clarification entre les actions à mettre en œuvre par le prestataire d’exécution (chargé des missions d’ingénierie des études préalables aux travaux) et celles conduites par les entreprises de travaux.
Pour une amélioration de la chaîne professionnelle, d’autres chantiers apparaissent nécessaires : la commande, publique ou privée, le suivi de l’aménagement, mais aussi les études, les travaux et leur contrôle. Il conviendrait qu’une modification législative suscite des cahiers des charges et des commandes encadrés (durée suffisante des études, saisonnalité ad hoc, enveloppes financières raisonnables, amélioration de l’équité entre concurrents, prise en compte effective des coûts de gestion de l’aménagement…).
De même, il serait souhaitable que des appels d’offres mettent à égalité architectes, urbanistes, paysagistes, ingénieurs écologues (nombre de mandataires ne sont pas écologues).
D’autre part, l’Afie se félicite de la démarche du conseil général de l’Environnement et du développement durable en matière de qualification des bureaux d’études en évaluation environnementale1, à condition toutefois de ne pas alourdir le système de qualification de l’OPQIBI (organisme de qualification de l’ingénierie), tant du point de vue administratif que financier.
L’amélioration qualitative de l’ingénierie écologique doit viser tous les maillons du système. •

1. Compétences et professionnalisation des bureaux d’études au regard de la qualité des études d’impact, T. Lavoux et A. Féménias, membres permanents du conseil général de l’environnement et du développement durable. Mai 2011. • www.afie.net