« Le dire d’expert ? L’intuition et l’expérience »

 

Espaces naturels n°40 - octobre 2012

Le Dossier

Olivier Argagnon
Botaniste au Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles

 

Confronté à un sujet que l’on ne maîtrise pas, l’alternative qui se présente est soit de suivre une méthode préétablie, un peu comme ces notices qui permettent de monter ses meubles sans être menuisier, soit de faire appel à quelqu’un de compétent pour résoudre le problème à sa place. Le dire d’expert relève du second cas : on fera appel à quelqu’un que l’on juge compétent dans le domaine concerné pour qu’il donne son avis et ses conseils.
On reproche bien souvent au dire d’expert sa subjectivité, c’est se leurrer sur la prétendue objectivité des méthodes. Bien souvent la simple lecture d’une méthode permet de comprendre les préjugés de ses rédacteurs. Les méthodes, du moins celles qui se prétendent scientifiques, ne tombent pas du ciel.
L’intuition et l’expérience accumulée par l’expert – sa subjectivité – font au contraire tout l’intérêt du dire d’expert qui se fonde sur de nombreux détails non formalisables. Le spécialiste consulté pourra exprimer des connaissances qu’il ne serait pas forcément en mesure de transmettre via un manuel ou une méthode facilement abordable : être pédagogue n’est pas donné à tout le monde.
Toute la difficulté de l’exercice réside donc dans le discernement nécessaire au choix de l’expert puisque de ce choix dépendra la pertinence de l’avis recueilli.
On peut, par exemple, se demander s’il n’eût pas mieux valu s’adresser à un sociologue ou à un philosophe plutôt qu’à un botaniste pour traiter cette question du dire d’expert. •