>>> Yann Arthus Bertrand

La photographie

 
au service du développement durable

Espaces naturels n°7 - juillet 2004

Pédagogie - Animation

Yann Arthus-Bertrand

 

Yann Arthus Bertrand a commencé sa carrière dans une réserve naturelle en france. Il ne deviendra photographe que plus tard. Un séjour au Kenya lui offre l’occasion de découvrir le monde à bord d’une montgolfière. En 1995, il entreprend la création d'une banque d'images de la Terre vue du ciel.

La terre vue du ciel, New York vu du ciel, l’Argentine vue du ciel… Quel lien faites-vous entre ce parti pris photographique et votre engagement pour le développement durable ?
Mon combat, vise à faire comprendre la responsabilité que nous avons, tous, envers cette terre. C’est vraiment cela qui m’intéresse. Au départ, j’étais un photographe de parc animalier, je parcourais les réserves du monde entier. Mais, aujourd’hui, la photographie aérienne m’a fait comprendre que la terre est un ensemble, un tout interdépendant. Les parcs naturels sont des petits endroits protégés, mais la biodiversité est partout. Même les villes font partie de la nature comme une fourmilière fait partie de la forêt. On ne peut pas créer des réserves, des zoos grillagés quand, juste à côté, il y a un développement incontrôlé.
Quel est votre message ?
Il ne faut pas attendre que les hommes politiques prennent des décisions si nous ne sommes pas capables, chacun, de changer le monde. Il faut au quotidien, que nous changions notre manière de faire. Que nous devenions raisonnables.
Pouvez-vous mesurer l’impact de vos photos ?
Pas du tout. C’est impossible. Je fais des expositions dans le monde entier toujours dehors, toujours gratuitement dans la rue et les gens viennent. En voyant les gens regarder les photos, j’ai pris conscience de l’utilité de mes photos, mais aussi de la manière dont mes convictions leur apportaient une valeur supplémentaire.
Qu’apporte la photo pour véhiculer un tel message ?
À Buenos Aires, les gens regardent les photos de la même façon qu’à Paris, en Russie ou au Japon. Ce qu’il y a de commun, c’est cette espèce d’intelligence instinctive. La beauté a quelque chose d’universel : devant un grand paysage… on partage tous le même émerveillement. En photographiant « au plus beau possible », je cherche à susciter une émotion qui donnera envie d’en savoir plus, de lire la légende, de comprendre les enjeux de la photo ». J’essaie de traduire la simplicité, l’authenticité et cela fonctionne.
Il y a des grands artistes, chez les photographes, et puis il y en a d’autres qui essayent juste de bien montrer ce qu’ils voient. Je suis de ceux-là.
Quand vous choisissez une photo, vous pensez : « à quoi va-t-elle servir ? »
La sélection d’une photo est toujours très réfléchie. Elle est guidée essentiellement le message qu’elle véhicule et par le sens qu’elle porte. Si je fais une photo de Tchernobyl vu du ciel, je ne dirai pas la même chose que si je fais une photo sur la grande barrière de corail en Australie. Photos et légendes sont d’ailleurs indissociables. Toutes les photographies de « la terre vue du ciel » sont accompagnées d’un texte scientifique expliquant l’image et sensibilisant aux problèmes écologiques ou sociaux, rencontrés. Le texte donne son sens à l’image. L’émotion procurée par la photo incite à lire les lignes qui l’accompagnent. Puis, une fois lue, on revient à l’image avec un second regard.
Aller plus loin, c’est possible ?
Nous avons un projet avec WWF. Nous allons ouvrir un grand espace sur le développement durable à Paris : quatre hectares. Le but : expliquer aux Parisiens comment ce mot les concerne, concrètement, directement.

Recueilli par Moune Poli