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L’ours fait ses comptes

 
Le Dossier

Jérôme Morscheidt
Équipe technique ours – FDC 09

 

L’ours constitue l’exemple parfait d’une espèce à la fois patrimoine naturel et culturel d’un territoire. La restauration d’une population viable d’ours dans les Pyrénées est en cours, la mort de Cannelle, la dernière femelle de souche pyrénéenne en novembre dernier a accéléré les décisions politiques, mais le processus de restauration avait débuté en 1996 et 1997 avec la réintroduction à titre expérimental de trois ours adultes (deux femelles et un mâle) dans les Pyrénées centrales.

Il ne restait plus que six ou sept ours dans le noyau occidental du Béarn. Huit ans après les premières réintroductions dans les Pyrénées centrales, les ours ont recolonisé une partie importante du massif et nous avons noté sept portées de un à trois oursons depuis 1997. Dans l’état actuel de nos connaissances, on estime que la population comprend entre quatorze et dix-huit individus, répartis en trois noyaux (cf. carte).
Actuellement, nous pouvons considérer que les ours de souche pyrénéenne ont disparu. Après la mort naturelle de l’ours Papillon âgé de 29 ans en juillet 2004 et la mort de la femelle Cannelle le 1er novembre 2004, abattue par un chasseur, il ne reste plus que deux mâles de souche pyrénéenne.
La situation fin 2004
Dans le noyau occidental du Béarn : quatre mâles (trois adultes, Néré, Camille, Aspe Ouest, et l’ourson de Cannelle).
Dans le noyau central, le suivi de terrain a conduit à estimer la population à neuf à douze individus, dont deux femelles différentes accompagnées d’oursons : une femelle accompagnée d’au moins un ourson repérée dans le Val d’Aran au printemps 2004 et une femelle avec au moins un ourson mâle de l’année (malheureusement retrouvé mort début juillet 2004) dans le massif du Mont-Vallier en Ariège. L’ours Pyros a été clairement identifié en Espagne dans le Val d’Aran en juin 2004. Enfin des indices d’ours ont été relevés au sud du Val d’Aran, dans le Pallars Subera et, pour la première fois de façon certaine, en Andorre.
Dans le noyau oriental, de nombreux indices d’ours relevés en 2004 à la limite entre la Haute-Ariège, l’Aude et les Pyrénées Orientales sont attribués à deux mâles adultes, Boutxy et Kouki. Néanmoins, au cours de l’année 2004, nous n’avons pas relevé de localisations simultanées permettant de confirmer la présence effective de ces deux individus sur ce secteur.
Malgré les incertitudes et la mort de trois ours en 2004, on observe que la population d’ours sur l’ensemble des Pyrénées a doublé depuis 1996, année des premières réintroductions. D’un point de vue biologique, cette opération de renforcement est donc un succès. Les ours ont montré leur faculté d’adaptation et nous avons maintenant la preuve que les Pyrénées sont encore très favorables aux ours. En revanche, d’un point de vue humain, le résultat est plus nuancé, et le monde de l’élevage reste le plus souvent opposé à la présence de ce prédateur. Néanmoins, plusieurs indicateurs montrent que, globalement, la population locale est attachée à la conservation de cette espèce.
Le 13 janvier dernier, le ministre de l’Écologie et du Développement durable, Serge Lepeltier, a annoncé la volonté du gouvernement de doubler la population d’ours d’ici 2008 et de commencer dès 2005 par la réintroduction de cinq femelles (voir p. 6). Le printemps 2005 sera consacré à une importante concertation qui doit permettre de définir les conditions de cette nouvelle opération de réintroduction. À terme, l’objectif est de constituer une population viable dans le massif pyrénéen.