Nouvel écosystème
Le concept de nouvel écosystème (novel ecosystem) a été exposé en 2006 par Richard Hobbs, chercheur à l’université de Murdoch en Australie et pionnier de la recherche en écologie de la restauration*. Les nouveaux écosystèmes possèderaient de nouvelles combinaisons d’espèces n’ayant jamais existé auparavant, mais dont les interrelations assureraient, comme des écosystèmes classiques, leur auto-organisation, fonctionnalité et dynamique. Ces nouveaux écosystèmes pourraient être ainsi issus de l’abandon d’exploitations humaines intensives (agricoles, industrielles, militaires) ou extensives (terres de parcours, systèmes agroforestiers, etc.). Leur pérennité ne dépendrait pas de la poursuite de ces interventions mais ils resteraient, quand même, plus ou moins dépendants des facteurs historiques et paysagers. Les friches agricoles, industrielles, urbaines en constitueraient ainsi l’archétype.
Encore fortement débattu au sein de la communauté des chercheurs en écologie de la restauration, ce concept permet cependant d’avoir un regard nouveau sur les écosystèmes considérés comme dégradés et de remettre en cause le paradigme d’une restauration active en faveur d’écosystèmes ayant une existence attestée historiquement. Il permet également de revisiter les objectifs de la restauration écologique, trop souvent focalisés sur la biodiversité et les fonctionnalités des écosystèmes, mais beaucoup moins sur la perception de leur naturalité.
Revisiter les objectifs de la restauration écologique, trop souvent focalisés sur la biodiversité et les fonctionnalités des écosystèmes.
Il n’en demeure pas moins que ce concept reste à manipuler avec beaucoup de précautions face aux incertitudes concernant les dynamiques futures de ces nouveaux écosystèmes. Celles-ci restent en effet encore largement imprédictibles dans un contexte de changement global et faute de l’existence d’analogues historiques permettant des comparaisons. Face à cette incertitude, le concept de nouvel écosystème et son corollaire, le « laissez-faire la nature », ne doivent donc pas à leur tour être érigés en paradigme qui serait alors utilisé par les aménageurs comme une carte blanche justifiant l’absence de réparation à leurs impacts environnementaux.
*Hobbs R.J. et Coll. 2006. Novel ecosystems: theoretical and management aspects of the new ecological world order. Global Ecology and Biogeography 15, 1-7.