Gwénaëlle Plet
Gwénaëlle Plet ne s'ennuie pas dans son travail. Et pour cause, elle pense qu'il y a encore tout à inventer. Celle qui, à 47 ans, co-anime le réseau Éducation Pyrénées vivantes, hébergé et animé par la LPO1 , estime que « le champ des possibles dans l'éducation à l'environnement est encore très large pour trouver des méthodes attractives, plaisantes, capables d'éveiller et de réveiller le public ». À rebours des approches trop froidement scientifiques ou alarmistes, Gwénaëlle Plet préfère « toucher le sensible plutôt que le cerveau » et fonde son travail sur l'idée qu'il « faut partir des représentations symboliques, culturelles et émotionnelles du public ». L'exposition Becs et Ongles, une des productions collectives du réseau (reconfigurée et présentée à partir d'octobre 2017 au Muséum de Toulouse), évoque ainsi « les peurs associées aux rapaces, les services qu'ils rendent aux hommes, la source d'inspiration qu'ils représentent pour nous ». Autrement dit, « on y parle plus de l'homme dans la nature, que de la nature », dans un dispositif scénarisé où s'articulent les traditionnelles collections naturalistes et des installations artistiques et ludiques ainsi que des témoignages sur les relations entre les hommes et les rapaces.
APPROCHE INSTINCTIVE
L'approche sensible, curieuse et créative de son lien avec la nature, cette bretonne d'origine, installée (et accrochée) aux Pyrénées depuis 1994, l'a faite sienne après « avoir vécu des animations de ce type où les approches sont plurielles ». Une figure inspirante en la matière ? Sans hésiter, le nom de Louis Espinassous, biologiste et conteur, auteur de livres pour enfants et sur la nature, vient à Gwénaëlle qui se souvient de randonnées itinérantes et contées « où l'on est touché en plein cœur ».
DES EXPÉRIENCES « QUI OUVRENT PLUS LES YEUX ET LES OREILLES »
Son poste est très diversifié à l'échelle des Pyrénées, se réjouit-elle. Imaginer un outil pédagogique sur la flore, intervenir dans une formation de futurs gardiens de refuge sur la connaissance du milieu montagnard et la pédagogie de l’environnement, élaborer les contenus et la scénographie d'une exposition, imaginer et coordonner des événements, sans oublier bien sûr les tâches administratives et accessoirement quelques recherches de financement, qui ne semblent pas gâcher son plaisir.
APPROCHE PARTICIPATIVE
Au tableau des dernières animations auxquelles elle a contribué, on compte « La Caravane du Desman », qui sillonne différents territoires pyrénéens depuis 2015 dans le cadre d'un Life sur ce petit mammifère emblématique des montagnes pyrénéennes. Spectacles, conférences, balades en vélo-interprétation, expositions, ateliers créatifs, vraie fausse enquête policière participative à l’échelle d’un village, ici comme dans nombre des actions que Gwénaëlle se plaît à imaginer, l’objectif est au fond de « faire ensemble ». Sans oublier toutefois la dimension naturaliste en suscitant, en creux, des témoignages d’observation et en sensibilisant les habitants à la sauvegarde du desman.
« Le réseau est une sorte de laboratoire sur les méthodes d'éveil et de prise de conscience du patrimoine naturel et culturel, explique Gwénaëlle, car les deux sont liés, intimement. » Le numérique est son nouveau terrain d'expérimentation avec comme dernier projet en date, conçu avec le réseau, une application mobile de valorisation de points remarquables pyrénéens permettant d'accéder à des photos, des ressources documentaires et jeux. De quoi élargir encore l'expérience de la montagne
(1) Ce réseau réunit soixante membres de part et d’autre du massif montagneux et développe des actions pour le grand public, les scolaires, les professionnels, les élus.