L’émergence de la science participative

 
Quand les citoyens viennent en aide aux chercheurs
Études - Recherches

Pierre Carret

Romain Julliard

 

Que ce soit pour élaborer des stratégies conservatoires ou en évaluer les effets, les acteurs de l’environnement ont besoin d’obtenir des informations régulières sur la répartition et la dynamique des populations animales et végétales. Ce travail de collecte est cependant difficile à mener par les seuls professionnels, en raison du faible nombre de scientifiques et des multiples attributions des gestionnaires de terrain. La science participative, qui peut se définir comme l’implication de volontaires dans des projets scientifiques, est un moyen de pallier ces difficultés.
L’intérêt des opérations de science participative est double : demander à des volontaires de réaliser des suivis permet non seulement d’obtenir de nombreuses données naturalistes (les observateurs sont potentiellement très nombreux et répartis sur tout le territoire), mais aussi de développer chez les participants le goût de l’observation, de les impliquer en tant qu’acteurs dans les processus de conservation. Il s’agit donc d’un moyen de sensibilisation exceptionnel.
Plusieurs opérations de science participative, souvent à des échelles locales ou régionales, ont été menées en France – mais elles faisaient généralement appel à des naturalistes aguerris. En 2006, Noé Conservation et le Muséum national d’histoire naturelle ont relevé un nouveau défi : mener une opération à l’échelle nationale et à destination des non-spécialistes, tout en visant l’excellence scientifique. Une première dont les résultats montrent que le grand public peut seconder efficacement les scientifiques, à condition de définir des protocoles adaptés et d’entretenir une forte interactivité avec les participants.
Au-delà des résultats scientifiques, l’Observatoire des papillons des jardins attire l’attention du public sur les insectes et la petite faune de ces lieux. Les jardiniers participant reçoivent chaque mois une lettre d’information qui les interpelle sur l’environnement et l’équilibre écologique de cet espace cultivé, ainsi que sur l’impact de leurs pratiques sur cet équilibre. Et l’enjeu est de taille : les jardins couvrent plus d’un million d’hectares, soit quatre fois plus que les Réserves naturelles métropolitaines, et représentent un potentiel de biodiversité, notamment dans les espaces périurbains ou les zones de grandes cultures.