>>> Impliquer les populations

Éduquer ou mobiliser

 
quel est le rôle du gestionnaire ?

Espaces naturels n°1 - janvier 2003

Pédagogie - Animation

Fabrice Cugny

 

Comment impliquer les populations locales ? Quel gestionnaire d'espaces naturels protégés ne s'est jamais, un jour ou l'autre, posé cette question redoutable ? En effet, qu’il s’agisse de création, de gestion ou d’intégration dans le territoire, l'espace protégé apparaît encore, trop souvent, comme un no man's land ; un lieu refuge exclu du reste du territoire et de ses habitants. Et pourtant, les liens que cet espace et surtout que ses gestionnaires tissent au cours du temps constituent un ciment très précieux. C’est le gage de la pérennité des actions de conservation et de préservation qui y sont menées. Que dire alors de la manière dont ces liens se mettent en place et s’entretiennent ? Qu’ils illustrent toujours la façon dont le simple citoyen peut s'impliquer dans la protection de la nature. Mais aussi, qu’ils évoluent au fil du temps.

A chaque stade, une implication différente du citoyen…
En tout premier lieu, abordons la naissance d’un espace naturel protégé. Celle-ci est la résultante d’une volonté, soit individuelle, soit collective. En effet, la genèse de cette création implique généralement une association locale de protection de la nature, laquelle veut répondre à l'urgence de la protection.
Ces associations existent toujours, même si le militantisme ou la mobilisation en leur sein devient de plus en plus difficile. En effet, la connaissance naturaliste (passionnés amateurs, universitaires) continue d’exercer une veille primordiale sur l'ensemble du territoire. Elle offre aussi une mobilisation plus prospective et de vigilance.
Avec le temps, une nouvelle forme de responsabilité des associations, plus gestionnaire, apparaît. Elle est davantage axée sur le partenariat ou l'accompagnement des politiques publiques nationales ou locales. Elle permet un autre mode d'implication des citoyens, qui se recentrent sur des objectifs de protection dans le cadre d’une recomposition territoriale.
Alors, dans ce que l'on pourrait nommer une assise populaire, se développe une recherche de la légitimité et de la pérennité des actions. En effet, lorsque le paysage national fluctue entre réglementaire et contractuel, quelle meilleure garantie pour l'avenir qu'une conception partagée de la protection de la nature par le plus grand nombre ?
Gestionnaire, animateur ou éducateur ?
Pour accéder à ce soutien de la population, le gestionnaire doit faire un véritable travail de médiateur et d'animateur du territoire local vis-à-vis des différents acteurs qui peuvent intervenir ou côtoyer l'espace protégé. Sortie nature, conférence, fête de villages, convention agricole, projet de développement, inventaire naturaliste, formation permettent une diversité d'implication et de mobilisation.
Le gestionnaire/animateur dispose donc d’une multitude de réponses, mais dès lors qu’il s’interroge sur leurs finalités, la problématique devient plus complexe. Ainsi l’association Les Blongios (cf. page 33) semble avoir trouvé une réponse avec les chantiers nature. Elle touche le grand public et le sensibilise à l’environnement par l'action et la compréhension des espaces naturels protégés.
Cependant, ces chantiers ne peuvent se pratiquer partout et offrent parfois la limite d'une simple consommation de loisirs de la part des volontaires. Surtout s’ils ne sont pas intégrés dans un projet partagé entre bénévoles et gestionnaires.
Vouloir toucher le grand public dans sa diversité et quel que soit le vecteur choisi, ramène souvent à une double question : s’agit-il de consommer ces espaces ou de se mobiliser pour eux ? S’agit-il de les fréquenter ou de les
protéger ?
Pour chaque action, le jeu consiste à se placer alternativement d’un point de vue, puis de l’autre. Il faut ainsi, trouver le juste équilibre au service d’un seul et même objectif : la pérennité de notre patrimoine naturel.
Divers exemples nous invitent à rester optimistes. Ils montrent qu'une des pistes fortes de travail pour le futur se trouve dans l'éducation à l'environnement. À condition qu'on ne la limite pas aux générations futures mais qu’on s’intéresse également aux générations actuelles : celles qui font les espaces protégés de demain.