Le Dossier
Rien ne se perd
Tout se transformeDossier piloté par Bénédicte Lefèvre Afie, Christian Ringot Eden62, François Salmon FCEN.
Pourquoi et comment exporter les produits issus des actions de gestion ou de restauration ? La phytosociologue Françoise Duhamel plaide pour l'export dans bien des cas, mais invite à réfléchir au cas par cas.

Frantz Veillé technicien forestier Littoral Flandre Artois, ONF : « Avec le Conservatoire botanique, je travaille depuis quinze ans à ces questions de fauchage sur les prairies humides. Mon conseil, c'est de voir ces travaux comme évolutifs. Pendant deux ou trois ans, on utilise des engins mécaniques type ensileuse (ci-dessus Tarr-up) pour restaurer la structure herbacée prairiale. Mais ce n'est qu'une étape. Nous passons par la suite avec une barre de coupe pour valoriser les produits en foin et prendre en considération les enjeux faune (entomofaune, batracofaune…) ».
Adopter une stratégie de gestion comprenant des modes d'entretien des milieux, c'est une chose. Mettre en oeuvre les actions avec du matériel efficace et peu impactant, c'en est une autre. Eden62 a expérimenté la collaboration avec une entreprise pour travailler à un prototype adapté, le MD Track 250.
On peut exporter la matière, mais la réutiliser sur un espace naturel peut s'avérer judicieux. Trois exemples de bon sens et de système D.
L'écrevisse de Louisiane bénéficie, dans le lac de Grand-Lieu, d'une autorisation de vente. Les pêcheurs participent ainsi à la régulation. Cette valorisation permet de soutenir les démarches contribuant au retour à l'équilibre.
Les produits de gestion obtenus lors de travaux peuvent induire des contraintes dans leur traitement. Synthèse de bonnes pratiques concernant les espèces exotiques envahissantes, végétaux pollués ou porteurs de maladie.
Une bonne anticipation peut-elle se faire dès l’élaboration du plan de gestion ? Si ce document fixe un cadre, des orientations, trouver les bons créneaux de valorisation de la matière issue des travaux reste une autre affaire ! Trop de rigidité peut faire passer à côté d’opportunités précieuses pour l’intégration du projet dans la vie du territoire ou limiter les chances d’offrir une seconde vie au produit.
Parfois c'est le gestionnaire qui cherche un débouché pour les produits issus des actions de gestion. Parfois c'est une entreprise qui sollicite des gestionnaires pour élargir ses fournisseurs. Ce fût le cas pour Agriopale et ses partenaires, dans le Pas-de-Calais, dans le cadre d'un appel à manifestation d'intérêt auprès de l'Ademe.
Pour préserver les rôles fonctionnels des Prairies naturelles inondables (PNI), il fallait pérenniser leur place dans le territoire, et donc impliquer les agriculteurs. Deux vallées du Gers ont ainsi mis en place une démarche de valorisation pour en encourager l'entretien, synonyme de préservation des milieux.