À quoi ça sert ?

Suivis scientifiques

 

Espaces naturels n°4 - octobre 2003

Études - Recherches

Valérie Fiers
Valérie FiersRéserves naturelles de France

 

En mars dernier, l’actualité était marquée par le forum des gestionnaires. Plus de deux cents participants se sont penchés sur les modalités de mise en œuvre des suivis scientifiques.

Le 9e forum des gestionnaires sur le thème des suivis scientifiques dans la gestion des espaces naturels s’est tenu à Paris le 26 mars dernier. 251 participants étaient présents. Connaître précisément comment le milieu évolue, définir des axes de gestion et juger de l’efficacité réelle de l’action : telles sont les principales finalités des suivis scientifiques.
Mais d’abord, les suivis, basés sur des inventaires, permettent de vérifier l’état de conservation du patrimoine naturel.
État de référence
Indispensable, l’état de référence est à la base de toute analyse comparative. Il doit comprendre une approche historique : l’utilisation ancienne du territoire, agricole, artisanale ou industrielle, détermine la composition et la dynamique des communautés végétales. Toutefois, qu’il s’agisse de documents, de témoignages oraux ou d’investigations de terrain, la recherche historique n’est pas facilement accessible aux non-spécialistes. Son interprétation réclame en outre des compétences spécifiques. Un inventaire et une cartographie précise de l’espace ont été faits dans la réserve de la forêt de la Massane (Pyrénées orientales) grâce au système d’information géographique (SIG) de la Confédération des réserves naturelles catalanes. L’effort d’investissement a été récompensé puisque les résultats permettent déjà de mesurer l’évolution de la végétation en relation avec le climat. L’état de référence est souvent associé à la recherche d’indicateurs, c’est le cas dans le Parc naturel régional des caps et marais d’Opale ou dans les réserves naturelles de Haute-Savoie (Asters), qui ont engagé depuis 2001 un projet d’observatoire : outil de diagnostic, il enregistre les données liées aux activités humaines, au milieu naturel et au géosystème.
Utiliser les suivis
pour orienter la gestion
Également présentés lors du forum : l’étude comparative des phénomènes démographiques et les résultats de la reproduction du râle des genêts et du courlis cendré. Observés sur deux sites aux modes de gestion différents, elles ont permis de définir la proportion minimale de prairie dont la gestion doit rester favorable à l’avifaune. Il faut parfois s’armer de patience avant d’obtenir des données interprétables : pas moins de quatorze années de travail dans le site protégé de Pagny-sur-Meuse démontrent aujourd’hui les différences de résultats entre l’action du pâturage et de la fauche.
Meilleure efficacité
Pour être efficaces et servir une politique de conservation, les données doivent être comparables, et associées à celles d’autres sites. C’est la condition incontournable d’une cohérence dans la gestion des écosystèmes. Pour favoriser cette démarche, certains se calent sur les protocoles européens : au sein des réserves biologiques domaniales, un protocole, élaboré dans le cadre de l’action COST E4 (coopération scientifique et technique), a été retenu pour l’étude de la dynamique des peuplements forestiers. Le programme de Suivi temporel des oiseaux communs (Stoc - CRPBO) s’impose, lui, comme outil de comparaison entre les échelles locales, régionales et nationales, entre « nature ordinaire » et « nature protégée ».