L’Observatoire des zones humides méditerranéennes

La science pour orienter les politiques publiques

 

Espaces naturels n°23 - juillet 2008

Le Dossier

Pere Tomàs Vives
Tour du Valat, Centre de recherche pour les zones humides méditerranéennes

 

L’originalité de l’Observatoire des zones humides méditerranéennes réside dans sa finalité : sensibiliser la société à l’importance d’agir et mettre à la disposition des acteurs les éléments scientifiques nécessaires pour cibler leurs actions.

Accumuler des données scientifiques, identifier des tendances, les analyser puis les transférer à la société civile et aux décideurs afin d’influencer les politiques publiques en faveur des écosystèmes humides… Tel est l’objectif de l’Observatoire des zones humides méditerranéennes, lancé par la Tour du Valat en 2006 et qui voit la coopération des organismes internationaux les plus actifs sur le terrain de la conservation des zones humides.
Ce programme international vient compléter des actions antérieures tel l’Inventaire pan-méditerranéen des zones humides initié, depuis 2004, par la Tour du Valat et le Centre grec des zones humides. Un projet qui cherche à harmoniser les données existantes en un format standard et à les intégrer dans une base de données partagée. Le tout afin d’analyser la distribution et l’étendue des zones humides, mais aussi d’évaluer leurs valeur, usage et état de conservation.
En complément, l’Observatoire s’applique à définir des indicateurs synthétiques applicables au bassin méditerranéen. Le premier est l’indice Planète vivante (LPI) : une mesure de l’état des écosystèmes développée par le WWF en collaboration avec l’Institut de zoologie de Londres. Initialement, le LPI est calculé à l’échelle mondiale en fonction de trois indices qui mesurent respectivement les évolutions des espèces terrestres, marines et d’eau douce. À l’échelle mondiale, l’indice montre un déclin global d’environ 30 % sur une période de trente-trois ans. L’Observatoire développe aujourd’hui l’indice Planète vivante pour les zones humides à deux nouvelles échelles : l’échelle régionale de la Méditerranée, l’échelle locale de la Camargue.
Les aspects humains et socio-économiques font aussi l’objet d’attention. À cette fin, par exemple, la Tour du Valat travaille avec le Plan bleu des Nations Unies pour développer des indicateurs permettant d’évaluer l’importance des milieux aquatiques pour les économies et les communautés locales.
Certes, la combinaison des analyses scientifiques pour évaluer l’état de la biodiversité, du milieu physique et des aspects sociaux et économiques va permettre de caractériser la situation actuelle mais seule le transfert de ces évaluations et leur appropriation par la société peut permettre de prendre conscience de la gravité de la situation actuelle et d’y remédier.