Des initiatives pour une mise en réseau des hommes, des sites et des données

 
L’efficience suppose de parler le même langage

Espaces naturels n°23 - juillet 2008

Le Dossier

Denis Landenbergue
WWF International Chargé de programme Zones humides

 

Au-delà des projets, c’est la mise en cohérence et la mutualisation des ressources qu’il faut considérer.

Ils vivent dans un autre monde, ils m’ont l’air un peu déconnectés du réel, tels furent les propos d’un représentant du secteur privé qui venait d’assister, en observateur, à une conférence internationale sur l’environnement.
Vous en conviendrez, des déclarations de ce type pourraient aussi bien figurer dans la bouche d’un expert d’un ministère de l’Environnement assistant à un forum du secteur privé, ou dans celle d’un chargé de projet d’ONG participant à une table ronde de bailleurs de fonds internationaux. La question se pose alors : comment rapprocher ces extrêmes suffisamment pour que chacun parle le même langage, parvienne à faire passer son message tout en assimilant celui des autres, à une échelle de compréhension commune ?
À lire l’ensemble des expériences présentées dans les pages qui suivent, la réponse consiste à multiplier les initiatives visant à faciliter la mise en réseau des hommes, des sites et des données.
Dans cette perspective par exemple, plusieurs initiatives régionales ont été développées sous l’égide de la convention internationale sur les zones humides. La convention de Ramsar, signée en 1971 dans la ville iranienne du même nom, est aujourd’hui l’un des traités environnementaux les plus expérimentés. Elle s’appuie sur trois piliers : la liste Ramsar de zones humides d’importance internationale (plus de 1 700 désignées au 1er mars 2008 par près de 160 pays) ; la gestion durable des zones humides et l’utilisation rationnelle de leurs ressources ; la coopération internationale.
Ciblées sur des entités paysagères aux caractéristiques écologiques, hydrologiques, culturelles partagées, les initiatives régionales lancées sous l’égide de Ramsar permettent de rassembler autour d’une même table des interlocuteurs de secteurs très divers, réunis par un objectif commun de préservation d’écosystèmes aquatiques et de ressource en eau dont ils sont tous, d’une manière ou d’une autre, dépendants.
Les conditions de la réussite de cette mise en réseau de l’ensemble des ressources (les hommes, les sites, les données) supposent d’intervenir à des échelles présentant un minimum de dénominateurs communs – que ce soit au niveau local ou de grands bassins tels ceux de la mer Méditerranée, du fleuve Niger ou du lac Tchad par exemple, ou encore à l’échelle d’importantes chaînes de montagnes, véritables châteaux d’eau de la planète, comme les Andes ou l’Himalaya.
Mais toujours, et c’est cela que nous retiendrons, cette mise en réseau exige patience et persévérance. Ces actions ne sont pertinentes qu’à condition d’être coordonnées à tous les niveaux : conventions internationales, gouvernements, organisations régionales, ONG, société civile, bailleurs de fonds, secteur privé, etc.