Life-nature
Life-nature est le financement européen de référence pour les actions de protection de la nature. Depuis sa création, en 1992, soixante-six projets français en ont bénéficié. Mais attention, la médaille à son revers. Le montage et la gestion d’un projet Life-nature sont loin d’être une simple formalité. Le jeu en vaut pourtant la chandelle…
L’Instrument Financier pour l’Environnement-nature, Life-nature, contribue à la mise en œuvre des deux célèbres directives communautaires Oiseaux et Habitats et notamment à la constitution du réseau européen d’espaces protégés Natura 2000. Il finance la gestion et la conservation in situ des espèces faunistiques et floristiques et des habitats les plus remarquables de l’Union européenne (les Zones de protection spéciales de la directive Oiseaux et les Sites d’intérêt communautaire de la directive Habitats). Son taux maximum est de 50 % pour les projets de conservation de la nature et de 75 % lorsqu’il s’agit d’habitats ou d’espèces d’oiseaux prioritaires. Sont éligibles, tant les frais de fonctionnement (personnels, assistance extérieure...) que les équipements et les acquisitions de terrains. La transnationalité n’est pas obligatoire.
Life-nature ne doit pas être confondu avec Life-environnement, qui soutient des projets de démonstration sur des thématiques comme les technologies propres, les déchets, la gestion de l’eau…
Montage complexe
et gestion lourde
Attention, tout projet de conservation, même s’il concerne un site Natura 2000, ne sera pas automatiquement retenu. Le projet doit remplir des cadres logiques très précis et faire preuve de beaucoup de rigueur dans sa présentation, aussi bien pour la partie technique que financière. On estime souvent à trois mois de travail à temps plein la durée nécessaire au montage d’un projet Life-nature correctement finalisé. Pour Marc Thauront, directeur général d’Écosphère, société responsable du suivi des projets Life-nature français, « il faut avant tout avoir défini un projet avec ses partenaires sur la base d'un besoin bien identifié. La question de la bonne source de financement ne se pose qu'ensuite. Life a toujours visé une démarche qualitative plutôt que quantitative. Le projet doit donc être clair, précis et préparé en détail ». C’est pourquoi, avant de soumettre une proposition Life-nature, il est fortement recommandé de vérifier si d’autres financements communautaires plus souples peuvent être mobilisés : fonds structurels et mesures agri-environnementales, par exemple.
Un projet Life-nature doit trouver le juste équilibre entre des études, des plans de gestion, des mesures concrètes de conservation ou de restauration et des actions de communication. La commission propose une méthodologie pour le montage d’un projet Life-nature (cf. encadré).
Le Guide pratique de préparation permet de se poser les bonnes questions et de réfléchir à chacune des étapes de travail : identification des problèmes, solutions adaptées…
Votre dossier est bouclé, déposé et accepté. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant. La gestion d’un projet Life-nature est une autre paire de manches et nécessite généralement un coordinateur à temps plein. Le suivi financier et technique, les conventions avec les partenaires, les rapports réguliers auprès de la commission européenne sont autant de missions « chronophages » qui incombent au bénéficiaire du projet. Cette lourdeur de montage et de gestion est-elle à l’origine du découragement des Français qui présentent de moins en moins de projets Life-nature ? Un projet français retenu en 2002, contre onze en Espagne ou encore sept en Italie. La France se place loin derrière ses partenaires européens.
Si, comme M. Thauront l’indique, « le taux de succès des projets français est en général bon », le nombre de projets déposés est en recul. Pourtant, les sites Natura 2000 et les projets durables de conservation ne manquent pas à l’appel : si vous pensez avoir toutes les clés en main, lancez-vous !