Cahiers d’habitats

 
mais qui les utilise ? !

Espaces naturels n°4 - octobre 2003

Méthodes - Techniques

Sylvain Pillon
CRPF Nord Pas-de-Calais Picardie
Christophe Rollier
CRPF Nord Pas-de-Calais Picardie
 

Le Centre régional de la propriété forestière Nord Picardie utilise les Cahiers d’habitats. Éloges et critiques d’un outil scientifique destiné à aider la mise en place des inventaires.

Les Cahiers d’habitats, ont-ils une vraie utilité pratique ? Ou bien s’agit-il d’ouvrages scientifiques rassurants, dont on salue la sortie mais qui rejoignent prestement l’obscurité des archives ? Eh bien, nous, Centre régional de la propriété forestière Nord-Picardie, nous utilisons ces ouvrages, parce qu’il s’agit d’une base solide d’informations pour les opérateurs de sites Natura 2000 dont nous sommes !
Depuis l’an 2000, où nous avons entrepris ce type d’action en forêt, nous avons pris l’habitude de nous appuyer sur les Cahiers d’habitats. Comme le classeur édité par l’Institut du développement forestier (IDF), ils sont devenus des partenaires et des outils indispensables.

Soyons concrets. Les Cahiers d’habitats nous permettent de préparer le travail de terrain, d’ailleurs nous bâtissons le protocole d’inventaire en fonction des renseignements qu’ils nous fournissent. Nous y puisons des informations sur la physionomie, la structure mais aussi sur l’imbrication des différents habitats que nous présumons présents sur notre territoire. Notre attention se porte particulièrement sur la variabilité des habitats ainsi que sur la présence d’habitats associés ou en contact. Ensuite… ? Les Cahiers nous permettent de réaliser un contrôle des inventaires terrain. C’est grâce à eux, en effet, que nous pouvons vérifier la présence des espèces indicatrices. Après cette phase, notre travail se poursuit par la rédaction de fiches descriptives des habitats rencontrés et, là encore, nous utilisons les cahiers. Ils nous fournissent des données à grande échelle et précisent la répartition et la dynamique des habitats ainsi que leur correspondance phytosociologique.
Puis, vient le moment où il nous faut préconiser des mesures de gestion… Encore l’aide des Cahiers ! C’est en croisant les pistes qu’ils nous offrent avec notre expérience de terrain que nous aboutissons à des propositions concrètes qui seront pertinemment discutées avec les partenaires. Il faut compter aussi sur le caractère « officiel » de l’ouvrage qui, parce qu’il s’impose comme une source fiable et validée, accélère les discussions avec les acteurs.
On l’aura compris, les Cahiers constituent un atout technique et stratégique, une précieuse mine de renseignements, d’ailleurs complétée par des références bibliographiques.
Éloges… et critiques
Parfaits les Cahiers ? Que nenni. Nous rencontrons notamment des difficultés pour utiliser la liste des espèces indicatrices des habitats car elle diffère avec d’autres référentiels « officiels » tels Corine Biotope ou le manuel d’interprétation EUR15. Il faut signaler aussi que l’usage est un tant soit peu élitiste. Le passage de plusieurs stagiaires nous a révélé combien les Cahiers étaient bâtis pour des connaisseurs. Sans compter qu’ils ne contiennent ni clé de détermination ni éléments permettant d’évaluer l’état de conservation. Pour préconiser avec justesse nos actions de gestion, des informations concernant l’impact des activités socio-économiques sur les habitats nous seraient également bien utiles quelques exemples peut-être ?.
Pour toutes ces raisons, lors des phases d’inventaires, notre préférence va aux classeurs illustrés édités par l’Institut du développement forestier. D’autant qu’ils proposent des clés de détermination ainsi que des éléments sur les caractéristiques des sols associés aux habitats. Il faut reconnaître, par contre, que les Cahiers d’habitats nous fournissent davantage d’éléments de réflexion, forts utiles lors de la phase d’élaboration des mesures de
gestion.