L'affaire de tous

 

Espaces naturels n°67 - juillet 2019

Édito

Christophe Lépine

Christophe Lépine, président de la Fédération des Convervatoires d'espaces naturels

Christophe Lépine, président de la Fédération des Convervatoires d'espaces naturels © DR

Les difficultés sociales et les interrogations nombreuses de nos sociétés française et européenne, couplées aux défis du monde, ont tendance à renvoyer au second plan les problématiques et les besoins autour de la biodiversité et des espaces naturels… C’est évidemment une erreur.
Dans une période complexe et ultra-mondialisée, la reconnexion de chacun à son terroir, son territoire et à ses paysages est plus que jamais une nécessité. Le maintien des pratiques ancestrales de pâturage, par exemple, qui rejoint le souci d’une meilleure alimentation ou la promotion de circuits courts, la lutte contre les inondations, le développement dans de nombreux pays occidentaux d’ordonnances de « nature » pour soigner, la réduction de l’opposition entre une France périphérique et une France qui « gagne » en redonnant la fierté d’aimer leurs paysages aux habitants des zones dites « déclassées » sont autant d’exemples - et il y en a tant d’autres - qui appuient ce constat !
Ces dynamiques rappellent que la nature, loin d’être un poids ou un problème, est avant tout une partie de la solution à nos défis d’aujourd’hui.
Les Conservatoires d’espaces naturels y prennent largement leur part. Avec près de 10 000 adhérents, un réseau de 1 000 professionnels, plus de 3 200 sites gérés sur près de 200 000 hectares, soit un partenariat avec une commune sur dix en France, et des centaines de milliers de visiteurs sur les espaces naturels que nous ouvrons au public : nos associations contribuent largement à la lutte contre la pauvreté, contre la fracture sociale ou territoriale. Nos valeurs et notre statut associatif nous permettent d’agir partout en souplesse, en partenariat et en complémentarité avec les collectivités locales, les partenaires nationaux ou les autres gestionnaires et les résultats sont convaincants, tant au niveau scientifique que sociétal.
Bien sûr, l’heure est grave à tous les niveaux, mais il nous faut garder envie et confiance.
Pour peu qu’on leur en donne le crédit et les crédits, tous ensemble, grâce à l’action, les gestionnaires d’espaces naturels pourront continuer à apporter et contribuer de manière évidente à régler de nombreux problèmes de fond de notre société, si fragile, par l’apport et le bénéfice que la nature peut lui apporter. Il faut de la conviction, du courage et de l’enthousiasme. Et c’est, plus que jamais, l’affaire de tous.