Des actes !

 

Espaces naturels n°13 - janvier 2006

Édito

Paul Baron
Ancien coordonnateur du plan d’actions pour les zones humides.

Que se passera-t-il le 2 février 2006 ?
Une fois par an, le monde est invité à réfléchir à l’importance des zones humides. Et si c’était l’occasion, pour chacun, de mettre ses actes en conformité avec ses propos ?
Le gouvernement a engagé en 1995 un plan ambitieux de reconquête des zones humides. Avec le concours des agences de l’eau, il a lancé un vaste programme de recherches dont les premiers résultats sont en cours de diffusion. En 2001, il a mis en place les pôles-relais pour animer les actions de terrain en faveur des zones humides. Alors que ces graines commencent à lever, le ministère chargé de l’Écologie envisage une réduction drastique des moyens limités qu’il accorde encore à ce programme, conduisant rapidement à son abandon au moment où il faudrait le relancer.
Le Parlement a voté, il y a moins d’un an, la charte de l’Environnement sous la forme d’une loi constitutionnelle et a transcrit en 2004 la directive-cadre européenne sur l’eau qui vise le bon état écologique des eaux en 2015. Cela ne l’a pas empêché de voter la loi sur les orientations de la politique énergétique, dont les dispositions néfastes à la préservation de la qualité des eaux sont reprises dans le projet actuel de loi sur l’eau en discussion parlementaire.
Nombre d’élus sont désormais sensibles aux préoccupations environnementales et ont adopté des chartes de l’Environnement ou des Agendas 21, mais continuent, devant la pression de l’extension urbaine, à considérer les zones humides comme des réserves foncières présumées à bon marché.
Nos concitoyens, et particulièrement les enfants, ont pris conscience de l’importance de vivre au milieu d’une nature en bon état, mais les dégradations sont quotidiennes.
Pour que les actes suivent les propos, il faut encourager les enthousiasmes : que le gouvernement et les agences de l’eau continuent à affirmer l’utilité du plan d’actions pour les zones humides et à lui attribuer les moyens nécessaires, que les équipes qui animent les pôles-relais se sentent soutenues et encouragées, que les résultats du travail des acteurs de terrain publics et associatifs soient reconnus et largement diffusés, que les enseignants continuent à former les générations montantes au respect de leur environnement.
Dans ces conditions, la Journée des zones humides ne se limitera pas au 2 février, mais produira ses effets toute l’année.