Les espaces naturels ne sont nullement à l’abri des pollutions. Celles, diffuses, provenant des émissions atmosphériques des zones industrielles proches ; celles, locales, liées aux traitements antiparasitaires des animaux pâturant ou dues aux amendements épandus sur les prairies ou zones cultivées. Les gestionnaires verront donc dans l’observation de la qualité des sols l’opportunité de saisir des informations d’aide à la décision.
D’autant qu’une évolution défavorable de la qualité d’un sol peut être irréversible : le temps nécessaire pour retourner à un état favorable est plus important que la durée de dégradation.
La qualité d’un sol dépend d’un grand nombre de paramètres physico-chimiques et biologiques. Il en est ainsi du pH, du taux de matières organiques, des teneurs en éléments majeurs (aluminium, calcium, fer, potassium, magnésium, sodium), en élément traces métalliques (ETM), en eau… La qualité d’un sol, cependant, se définit par rapport à l’usage auquel il est destiné ou aux fonctions environnementales qu’il assure. Ainsi, un sol est plus ou moins adapté à un usage donné : les activités agricoles ou l’implantation d’infrastructures urbaines ou industrielles.
La caractérisation et le suivi de la qualité des sols étant donc essentiels, des programmes de surveillance ont été mis en place à l’initiative du Gis Sol.
Dans la pratique, cette observation s’effectue par le Réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS). Réseau systématique de mesures et de suivi des paramètres des sols (2 200 sites d’observation), il couvre la plupart des occupations et types de sols français. Il a été mis en place pour établir un bilan national de la qualité des sols, mettre en évidence des gradients de contamination diffuse, détecter des évolutions des propriétés des sols, disposer d’une base de données géographiquement exhaustive afin de valider des prédictions et, enfin, pour constituer un Conservatoire national d’échantillons de sols, véritable mémoire de l’état des sols.
La Base de données d’analyses de terre (BDAT) regroupe quant à elle plus de 1,2 million d’analyses, réalisées à la demande des agriculteurs pour gérer au mieux la fertilisation. Ces données sont collectées pour réaliser des cartographies statistiques des propriétés de sols au niveau national, détecter leur évolution dans le temps et valider ou amender d’autres bases de données. Parmi les applications développées, l’évolution des teneurs en carbone organique entre les périodes 1990-1995 et 1999-20042 a mis en exergue une diminution des teneurs sur la façade atlantique et dans l’Est, probablement liée à une évolution globale des agro-écosystèmes.
La consultation des serveurs cartographiques dédiés à ces programmes (Indiquasol et Bdat) permettra par exemple de réorienter les préconisations de pratiques agricoles identifiées dans les chartes des parcs naturels. Alors que seules des études statistiques (population agricole ou totale…) sont actuellement prises en compte pour réviser les chartes tous les dix ans. Désormais il est également possible d’intégrer des indicateurs environnementaux sur les sols. De plus, ils permettront d’évaluer l’impact des mesures agroenvironnementales mises en place, ces dernières n’ayant pas d’obligation de résultat.
Nul doute que les cartographies issues de ces deux programmes puissent servir utilement aux gestionnaires d’espaces naturels pour orienter les politiques environnementales sur leur territoire.