La prospective plurielle
Espaces naturels n°25 - janvier 2009
Emmanuèle Leblanc
Chargée de mission recherche et prospective Fédération des parcs naturels régionaux de France
Julien Vert
Chargé de mission prospective et concertation, Meeddat
La prospective explore un espace dans lequel les incertitudes sont irréductibles, mais elle ne doit pas pour autant tomber dans l’élucubration.
Il s’agit donc d’élaborer métho- diquement, puis de mettre en discussion de manière structurée, un ensemble de conjectures sur un système donné.
Au-delà de ce socle commun, on observe une grande diversité des démarches de prospective qui s’explique par quatre grandes lignes de différenciation :
Prospective « chaude » contre prospective « froide ». La distinction repose ici sur l’objectif de la démarche. Celle-ci peut, principalement, viser la mobilisation d’un territoire ou d’un réseau d’acteurs. La prospective devient alors outil de concertation. Différemment, son but peut ambitionner la connaissance fine des dynamiques d’évolution future du système. La prospective mobilisera alors fortement l’expertise scientifique.
Articulation avec la décision stratégique. Une démarche prospective peut en effet avoir un lien très étroit avec la décision et la planification stratégique qu’elle vise à éclairer ou, au contraire, être largement en amont ou détachée de tout enjeu stratégique.
Degré d’ouverture de la démarche. D’une prospective en chambre impliquant un groupe restreint de décideurs et d’experts jusqu’à une démarche largement ouverte à la participation du public, plusieurs types d’approches sont possibles.
Démarche exploratoire ou normative. On peut en effet choisir de construire différentes trajectoires futures d’un système à partir de son évolution passée et de son état présent (démarche exploratoire, dite de forecasting) ou à l’inverse partir d’images différenciées du système dans l’avenir et reconstruire le cheminement qui y conduit (démarche normative, dite de backcasting).
Positionner correctement le curseur sur ces quatre grands axes permet d’élaborer des démarches de prospective qui répondent au mieux aux objectifs, aux enjeux et au contexte du terrain. La prospective apparaît ainsi comme un outil particulièrement souple et pertinent pour les gestionnaires d’espaces protégés.