Si les équipements visant à l’encadrement du public sont rendus nécessaires pour la bonne prise en compte des enjeux de conservation des espèces, des habitats ou des paysages, ils constituent néanmoins une entorse à la naturalité esthétique de l’espace. L’obligation de multiplier ces équipements en les distribuant sur le territoire, ou de les densifier sur certains sites exposés à des seuils critiques de fréquentation, rend plus nécessaire encore l’attention portée à leur insertion dans l’environnement.
L’élaboration d’un catalogue des petits équipements en forme d’état des lieux est une première démarche constructive. Ce travail permet de faire émerger une ligne architecturale des aménagements, de sélectionner les formes et les matériaux les plus en harmonie avec l’identité locale et d’assurer une unité esthétique.
Ce travail de mise à plat permet aussi de définir une typologie des équipements : lisse haute et lisse basse, chasse-roue, barrière banquette, ganivelle, clôture haute fil croisé, clôture basse, etc. sont autant de variantes aux caractéristiques propres, aptes à répondre à des besoins spécifiques.
L’adéquation entre l’équipement, les caractéristiques du lieu où il sera implanté, le temps pendant lequel il peut être nécessaire et le ou les objectifs auxquels
il doit répondre, sont aussi des variables que le gestionnaire doit très précisément évaluer.
Ainsi, la pose de clôture de protection pour sauvegarder la végétation buissonnante en bord de mer a été conçue selon des spécifications très précises. Clôture de faible hauteur (1 m) pour être rapidement « gommée » par la pousse de la végétation, à deux rangs fils croisés, pour être dissuasive, piquets de diamètre 0,80 mm pour garantir un rapport hauteur/diamètre convenable, enfoncement de 1 m pour tenir dans le sable, fil galvanisé plutôt qu’inox pour permettre une dégradation naturelle progressive de préférence à l’arrachage préjudiciable à la végétation réinstallée, temps efficace 8-10 ans correspondant à la reconquête végétale complète.
L’expérience montre par ailleurs que souvent, dans le cours du temps, les changements des personnels chargés d’aménagement ou des entreprises chargées de ces travaux, conduisent par dérives successives à la perte totale de l’unité esthétique des matériels mis en place. Au-delà, quand bien même les matériels initiaux sont conservés, les modalités de leur mise en place peuvent varier de manière telle qu’ils n’ont plus la même apparence que les équipements anciens.
Le catalogue, en fixant précisément la nature, la forme et les spécifications d’installation des équipements, évite ce genre de travers. De fait, la perception que l’on peut avoir de ces dispositifs tient parfois à des éléments qui pourraient apparaître relativement marginaux : la section d’un piquet de clôture, le rapport entre sa section et sa hauteur, l’intervalle entre chaque piquet, l’inter-distance entre les fils sont autant de paramètres à respecter pour garantir l’unité esthétique des mobiliers sur l’ensemble de l’espace protégé.
La construction d’ouvrages petits ou grands et l’aménagement du paysage relèvent de deux domaines techniques spécialisés. La prise en compte des enjeux environnementaux et esthétiques fondamentaux milite pour cette approche pragmatique et suggère qu’elle soit confiée à des spécialistes. Si l’on peut attendre de grands effets de ces petits aménagements, c’est cette rigueur qui les fera grandement favorables ou grandement néfastes.