Danse

Parcourir le chemin

 
Le Dossier

Christian Ubl, chorégraphe.

Quelle chance ce projet (1) au Col du Coq, un espace naturel sensible de l'Isère, pour expérimenter et vivre ces parcours de la pensée et du corps au plus près de la nature mais aussi au plus près du public. Ce rapport rare et direct à autrui, au plus proche du vivant et du sensible, sans diversion ni mise à distance, a permis d’établir entre les gens une relation pétillante et inattendue.

Parcours chorégraphique dans un espace naturel sensible en Isère.

Parcours chorégraphique dans un espace naturel sensible en Isère. © Arnaud Callec

Durant les douze parcours effectués, nous avons pu guider des personnes si différentes les unes des autres que chaque parcours a inventé sa propre identité, son propre rythme et sa propre énergie, comme en réponse à l’exploration proposée par les artistes. Une liberté et une richesse assez exceptionnelles, tout en partage !

Parfois, les disparités au sein du groupe ont fait ressortir des notions sous-jacentes aux consignes physiques données : le vivre ensemble, l’individu face à la communauté, le regard sur l’autre, le regard sur son environnement, sa place et la place de l’autre. L’imprévisible et l’adaptable ont été les maîtres-mots de cette journée tout au long des différents parcours, que ce soit pour les artistes ou pour les participants.

Les expériences vécues ont marqué nos esprits et notre corps. Cette expérience était à la fois rare et précieuse pour nous les artistes. Nous avons touché du doigt nos limites, nos appréhensions, nos doutes, nos convictions aussi. Pour le public, hétérogène, c'était une expérience de l'effort, de la confiance, de la contemplation. Elle nous a également permis d’être à l’écoute de notre corps, leur corps et de nos intuitions, tout en remettant en jeu notre capacité à unir, tout en respectant les différences et individualités de chacun.

UNE EXPÉRIENCE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE

En ces temps difficiles et perturbés, plus que jamais, tout acte artistique hors espace scénique devient vital, permettant d’interroger le monde dans lequel nous vivons et évoluons ensemble. Nous devons rester des êtres qui chantent, qui dansent, qui aiment, qui marchent, qui écoutent, qui soutiennent leur voisin. Nous dépasserons nos propres limites ou barrières, comme nous l’avons fait lors du parcours pour certains. Nous déplacerons nos frontières mentales et corporelles, celles de l'entendement, de la surprise, de la nécessité, de la curiosité et de la découverte pour toucher au sensible. La nature comme source d’énergie, ressource indéniablement importante, précieuse et nécessaire pour continuer…

 

(1) Il s'agissait d'une commande de la direction de la Culture du département de l'Isère, en lien avec le mois Arts et sciences piloté par l’Hexagone, centre national culturel de Meylan pour ce travail d’artistes en résidence.