>>> Méthode et techniques de comptage

Fréquentation

 
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Espaces naturels n°1 - janvier 2003

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Patrice Énoul


Comment concilier la préservation de l’espace et l’accueil d’un public toujours plus nombreux ? Comment prendre des décisions et aménager en connaissance de cause ? Pour intervenir, les gestionnaires d’espaces naturels doivent disposer d’indicateurs de fréquentation fiables et pertinents. Or, à chaque problématique, correspond une technique de comptage donnée. Au risque de réaliser des aménagements inadaptés, il est préférable de se pencher avec soin sur la méthode.

Comment peut-on quantifier la fréquentation d’un site ? La gestion des espaces naturels repose sur des arguments concrets et chiffrés. L’étude des flux et leur répartition permettent d’aménager l’espace en connaissance de cause et de suivre leur évolution dans le temps. Les outils de comptage donnent de précieux renseignements sur le nombre de visiteurs. Ils chiffrent la fréquentation et indiquent les pics et les périodes. Toujours avec le même souci : concilier la préservation de l’espace, celle des espèces et l’accueil du public. Le comptage des visiteurs s’inscrit dans cette démarche : il est un outil d’aide à la décision.
Question de méthode
Chaque site naturel est un espace délimité, caractérisé par une configuration et une organisation spatiale qui lui sont propres. Pour connaître et analyser la fréquentation d’un site, il n’existe donc pas une méthode d’étude et de comptage uniformisée. Le gestionnaire dispose d’une palette de moyens, de modes d’acquisition et d’outils adaptés à une situation donnée. Il utilisera chacun d’entre eux avec rigueur, en respectant le protocole défini au préalable sous peine de ne pouvoir exploiter des résultats.
Avant même d’engager tout comptage, les gestionnaires doivent définir précisément les objectifs de l’étude de fréquentation et ses limites géographiques. Selon qu’il s’agira d’aménager un parking ou d’évaluer l’impact global de la fréquentation des visiteurs, on s’intéressera aux véhicules en un point précis, ou à l’ensemble des piétons sur la totalité du site. Ainsi, les objectifs définis dictent la méthodologie et la nature des techniques de comptage à mettre en œuvre, mais aussi le degré de précision ou d’approximation des résultats. L’accessibilité à certains sites pose le problème de la représentativité des résultats. Les moyens en personnel, nécessaires à l’acquisition des données, contraignent le plus souvent à estimer la fréquentation à partir de quelques journées de comptage. Il convient donc de différencier l’estimation de la fréquentation de sa quantification, celle-ci permettant de suivre l’évolution des flux dans le temps.
La méthodologie retenue sera donc déterminée par l’analyse que l’on fera des caractéristiques du site, de sa configuration et des moyens dont on dispose pour conduire les investigations. Les tableaux ci-contre proposent une vue d’ensemble des différentes techniques et des situations auxquelles elles s’appliquent.
Savoir observer !
S’ils nous renseignent sur la répartition des flux dans le temps et dans l’espace, les comptages sont insuffisants pour qualifier les comportements du public, sa perception et ses attentes. Il est alors nécessaire de procéder à des observations complémentaires, qui pourront renseigner sur la nature des activités, leur répartition dans l’espace et dans le temps, les itinéraires suivis, la pénétrabilité du site ou les risques encourus par les espèces animales ou végétales.
Dans ce cas, les techniques employées relèvent de l’observation et de la monographie qualitative. Le cas échéant, les études qualitatives pourront donc être combinées avec les comptages.
Au total, on perçoit bien l’importance de la définition d’objectifs, pour une judicieuse combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives. C’est au prix de cet effort méthodologique que les décideurs disposeront d’éléments éclairant leurs choix et permettant d’identifier des formules qui conjuguent comportements des publics et préservation des espaces.