« L’environnement, c’est une façon d’appréhender l’avenir »

 

Espaces naturels n°1 - janvier 2003

L'entretien

Bruno Gastal
Directeur de l’Institut de formation à l’environnement

 

L’IFORE est en activité depuis janvier 2002. 118 stages ont été organisés, 1200 stagiaires ont été accueillis en formation continue, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je dirais que L’IFORE répond à un besoin.
Il faut noter cependant que ces formations s’adressent à l’ensemble des agents du « service public de l’environnement ». Cela concerne tous les personnels du ministère mais aussi les établissements publics ou les structures sous tutelle du ministère, les personnels des services déconcentrés des autres ministères qui agissent pour le compte du ministère de l’Environnement…
Notre mission vise à faire émerger et partager une culture commune à tous ces personnels quel que soit leur profil, quel que soit leur corps d’origine.

Une culture commune.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire avoir des cadres d’analyse communs et des valeurs partagées s’agissant des problèmes environnementaux. Mais une culture commune, cela n’est pas un dogme unique. L’environnement ne se limite pas aux seuls domaines de compétences et aux métiers du ministère de l’écologie et du développement durable ; c’est une pensée, une façon d’appréhender l’avenir, qui doit irriguer toutes les politiques publiques.
Bien sûr, il faut professionnaliser les métiers qui existent mais, dans le même temps, il faut alerter, informer, sur les dimensions transversales liées au développement durable.
C’est un choix politique qui relativise d’ailleurs le poids de l’IFORE dans la création d’une culture environnementaliste. L’enseignement secondaire, les formations universitaires, les grandes écoles de l’État, devraient aussi avoir un rôle actif pour diffuser cette culture.

L’IFORE assure la formation initiale des deux nouveaux corps de technicien et d’agent de l’environnement. En quoi leur création est-elle un progrès ?
La création de ces corps marque effectivement une évolution. Ces nouveaux personnels se situent comme des agents de l’environnement. Ils y ont certes une mission de police, chargés de la répression des infractions, mais leur fonction s’élargit. Elle évolue vers les fonctions d’animateurs et de protecteurs des espaces naturels. La création de ces deux corps est un pas extrêmement important pour l’efficacité de l’action publique ; c’est aussi une décision symbolique.

Pourquoi les agents de l’environnement des collectivités locales sont-ils exclus de ces formations ?
Je suis moi-même issu de la FPT et je comprends l’acuité de cette question. Nous n’avons pas encore développé d’actions conjointes avec le Centre national de la fonction publique territoriale, mais nous avons des contacts et, d’ailleurs, le CNFPT siège dans le conseil d’orientation de l’IFORE.
Il serait intéressant, du reste, que les gestionnaires d’espaces naturels des collectivités locales puissent bénéficier d’une formation initiale adaptée à leur métier. Les choses sont en débat.

Professionnaliser les acteurs de l’environnement et constituer une culture commune : combien de temps faut-il pour réaliser cette ambition ?
On peut mener une action déterminante en ce qui concerne la professionnalisation de ces agents du « service public de l’environnement » ; leurs métiers touchent à la gestion ou l’animation d’un territoire. Cependant, parler d’environnement, c’est aborder le concept de développement durable : un concept qui interpelle des préoccupations politiques, des questions de développement économique, d’action sociale…
Le réchauffement climatique, les émissions de gaz polluants… Ces questions ne peuvent se traiter au niveau d’un territoire ni même au niveau du territoire de la République. Il ne faudrait pas omettre cette dimension internationale. Elle rend notre mission difficile et complexe.

propos recueillis par MP

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