Agençons !

 

Espaces naturels n°56 - octobre 2016

Édito

Par Bruno Mounier
Directeur de la Fédération de conservatoires d'espaces naturels

Bruno Mounier

Ainsi, la loi pour la reconquête de la biodiversité est votée après un marathon de quatre ans, parsemé d'espoirs, interrogations, doutes et rebondissements.

Cette loi va notamment instaurer une Agence française pour la biodiversité, annoncée comme intégratrice, présentée comme ambitieuse. Bien que les moyens de cette ambition ne soient autres que ceux existant déjà, nous espérons fortement que les outils de coopération préserveront et même renforceront les nombreuses mesures de protection des espaces naturels existantes. Mais il faudra sans nul doute mobiliser pour réussir ce nouveau dessein pour une biodiversité enfin prise au sérieux dans les décisions gouvernementales, dans les territoires, dans les entreprises, par le citoyen…

Car c’est bien de cela dont il s’agit : un formidable espoir né dès la première annonce de ce projet. Au-delà du Meccano institutionnel en cours et de la nécessaire réussite de l’intégration des personnels directement concernés, il faudra de l’action en s’appuyant sur les acteurs de nos territoires. Il faudra également savoir profiter des formidables opportunités qui pourront naître des nouvelles interfaces entre les compétences des régions et le déploiement prometteur des compétences des agences de l'eau.

Rappelons-nous à ce propos, qu’il y a cinquante ans, naissaient les agences de l'eau. L’ambition était d’amener partout l’eau au robinet en posant clairement la nécessité d’en financer le coût et de rendre la chose durable. Ainsi des programmes d’actions, par les SDAGE et les SAGE, ont créé des cadres ambitieux, et des moyens, par des redevances, ont été mobilisés. Nous devons donc changer de braquet pour toucher toutes les sphères de la société. Les leviers mobilisés devraient le permettre.

Ce long chemin montre au final que la biodiversité dispose d’alliés, mais qu’elle reste malheureusement une variable d’ajustements, parfois loin derrière les questions encore jugées plus importantes, que constituent l’économie ou les loisirs. Alors gageons que quelques fondamentaux seront préservés et que les plus-values avancées verront le jour grâce à une articulation entre les agences, les collectivités et les acteurs de territoires comme les parcs, les réserves et les conservatoires tous mobilisés sur ce sujet depuis plus de quarante ans.