S'emparer des objectifs de développement durable

 

Espaces naturels n°56 - octobre 2016

L'entretien

Propos recueillis par Marie-Mélaine Berthelot

Man and biosphere mène en ce moment une action d'évaluation des réserves de biosphère à l'international. Pourquoi ce travail ?

Les réserves de biosphère doivent rendre des comptes tous les dix ans pour vérifier que les objectifs sont atteints et que les critères sont toujours remplis. Quand ce n'est plus le cas, un travail est fait pour aider le site à progresser et se trouver de nouveau en conformité. Il peut aussi arriver que le site sorte du réseau. Mais il n'y a jamais eu de réévaluation de l'ampleur de ce que nous faisons à échéance 2017. Un assez grand nombre de pays et de sites sont concernés. Ce ne sont d'ailleurs
pas forcément des pays qui manquent de moyens.

Le fait d'avoir donné une date butoir à laquelle tous les sites non conformes sortiront du réseau a permis de créer une onde de choc. Les pays ont réagi. Est-ce qu'ils arriveront tous à rentrer dans la norme ? Ce n'est pas sûr. Mais je veux positiver cette stratégie de qualité. D'un point de vue collectif, cela nous permet d'avoir un réseau plus fort et plus homogène. D'un point de vue local, cela peut aussi permettre de se pencher de nouveau sur le projet et de se représenter plus tard.

La philosophie du MAB n'est pas de mettre un tampon sur un lieu. Au contraire, c'est un dispositif collaboratif et adaptatif, complémentaire d'autres types de protection. Les réserves sont à l'image de ce qu'on veut faire sur un territoire donné, et de ce qui y existe déjà.

Vous avez pris en début d'année la présidence du conseil international de coordination, quels sont les enjeux de votre mandat ?

Je dois mettre en oeuvre la stratégie de sortie dont nous venons de parler. Avec la plus grande rigueur. Je dois aussi, plus largement, mettre en oeuvre le plan stratégique qui a été adopté en 2015 pour 10 ans (voir ci-dessous). Le fil conducteur le plus important pour moi est de promouvoir l'idée de « sortir de nos réserves ». Il faut que ce que nous faisons soit utile à l'extérieur. Les réserves de biosphère sont des territoires d'expérimentation qui doivent profiter à tout le monde. Le développement durable doit être partout. Si le but est de dresser une barrière autour des réserves et de détruire tout autour, on va dans le mur. À la limite, les aires protégées ne devraient plus exister. C'est une utopie, mais ça doit rester l'objectif. Je considère aussi que le MAB doit être un outil au service des objectifs de développement durable de l'ONU pour 2030. Ce sont des sujets qui doivent parler aux gestionnaires. Nous devons nous en emparer. La santé, la biodiversité, la sécurité alimentaire... tous ces domaines sont à prendre en compte ensemble, de façon cohérente. On ne peut pas les envisager les uns à l'encontre des autres.

Propos recueillis par MMB