PNR des Pyrénées ariégeoises

« Notre besoin ? Des experts en économie locale dans un souci opérationnel »

 
Le Dossier

Matthieu Cruège
Directeur du syndicat mixte du Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises

 

Pour servir les objectifs du parc, nous avons ressenti le besoin de nous associer les compétences d’experts en économie. Nous avons donc initié un conseil scientifique pluridisciplinaire. À côté des écologues, sociologues, ethnologues, historiens… il veut intégrer des économistes. Pas facile ; même avec la présence proche de l’université de Toulouse.
En effet, notre gestion s’inscrit dans un contexte très opérationnel. En créant un parc, on propose un choix de société, il faut donc calculer de manière irréprochable la valeur ajoutée de cette création ; à la fois en termes de qualité de vie et de capacité à générer des emplois pérennes et qualitatifs.
Il faut donc bien connaître l’économie locale, sa réalité humaine et sociale. Or, nombreux sont les universitaires qui traitent de macro-économie. Ils s’intéressent au marché, aux flux monétaires, aux modèles économiques et aux grands équilibres territoriaux. Ce n’est pas ici la bonne manière de regarder la question : il y a des phénomènes que l’on ne peut observer à l’échelle macro-économique.
Ainsi, par exemple, sur un territoire rural de montagne comme le nôtre, on ne peut parler d’emplois sans s’intéresser à la pluriactivité. Quels sont les « bouts d’emplois » qui permettront de rémunérer l’équivalent d’un temps plein ?
Il faut aussi prendre en compte des effets indirects et induits d’une activité. Il existe, par exemple, des barèmes pour mesurer le nombre d’emplois créés par les journées de ski… Nous avons besoin d’experts qui maîtrisent ces indicateurs et développent une approche micro-locale.
Les Pyrénées ariégeoises ont connu la création du premier système économique local de France, basé sur la proximité, l’entraide et la solidarité. Il faut donc, aussi, compter avec l’économie alternative ou solidaire. Même si elle ne crée pas de flux monétaire, elle conduit à diminuer les besoins de services sociaux. Ce qui peut également être positif eu égard à certaines problématiques environnementales. Et puis, il y a aussi la réalité d’une économie souterraine. Taboue, certes, mais pourtant réelle.
Hors du secteur touristique, sur lequel existent des études et pour lequel les gestionnaires portent un discours économique, nous avons encore beaucoup à faire pour investir cette matière.
En ce qui nous concerne, la solution s’inscrit dans la mutualisation du travail économique produit dans les différents territoire des parcs.