Indispensable outil d’aide à la décision
Espaces naturels n°26 - avril 2009
Franck Grossiord
Responsable SIG, Conservatoire des sites naturels de Picardie
Pour conduire à bien leurs missions, les gestionnaires d’espaces naturels ont besoin d’informations géolocalisées touchant aux habitats, aux espèces, au foncier, au réseau hydrographique, aux activités socio-économiques… L’organisation de ces données constitue un système d’information géographique.
La mise en place d’un système d’information géographique (SIG) vise des objectifs de court et long terme. À court terme, le SIG répond aux besoins opérationnels et quotidiens (cartographie thématique, gestion technique ou analyse) ; à long terme, il vise la création de bases de données fiables et pointues. Donnons ici quelques repères sur le rôle de la géomatique dans les espaces naturels.
1. Si l’objectif est d’automatiser la cartographie. Il faut prévoir des bases de données et l’intégration de celles-ci dans un logiciel de SIG. L’objectif étant la production de cartes, les phases conceptuelles sont souvent très limitées. La quantité de données collectées va souvent pousser le gestionnaire à constituer un système de gestion de bases de données dans le but de les mettre à jour et de les analyser aisément.
2. Si l’objectif est d’apporter une aide à la prise de décision. La planification et l’évaluation des actions doivent pousser les décideurs à mettre en œuvre un SIG afin de produire des indicateurs et de spatialiser les enjeux. La description des habitats, l’état de conservation des populations d’espèces, le niveau de fragmentation des réseaux écologiques sont autant d’indicateurs obtenus à l’aide d’un SIG. L’analyse spatiale par exemple, c’est-à-dire l’analyse des relations entre des objets géolocalisés, permet très rapidement de connaître la distance séparant deux milieux favorables à une espèce.
3. Si l’objectif est l’échange et le partage de la connaissance. Cet objectif peut résulter d’un choix (mise à disposition des informations auprès du public) ou de contraintes (directive Inspire, voir page 13). Dans les deux cas, il sera indispensable de disposer de métadonnées à savoir des données sur les données : l’auteur, la date, l’échelle d’utilisation…
Par ailleurs, les actions de concertation, communication s’appuient sur des présentations issues de requêtes spatiales (par exemple, croisement de couches de données zones humides et foncières pour localiser les parcelles communales à fort enjeu).
Les bases de données naturalistes répondent également au besoin d’accès à distance pour la saisie ou l’interrogation. La cartographie interactive (webmapping) et l’interopérabilité (capacité de systèmes à partager de l’information entre eux) permettent aux SIG de devenir collaboratifs.
Un système d’information géographique est un ensemble organisé d’utilisateurs, procédures et savoir-faire, données, matériels, logiciels conçus pour permettre la collecte, la gestion, l’analyse, la modélisation et l’affichage de données destinées à résoudre des problèmes de gestion ou d’aménagement du territoire.
Un SIG est constitué de cinq composantes majeures.
• Les données. La collecte des données sur le terrain (inventaires, suivis, études) peut se faire par le biais d’outils GPS ou de systèmes d’information géographique nomades (pocket PC, tablette PC).
Les missions de connaissance du territoire sont également nourries par des référentiels (cadastre, Diren, Ifen, orthophotographies…), ou par des données partagées obtenues gratuitement ou à coût réduit du fait de la mutualisation (voir encart page 13 « Mutualiser les données de la biodiversité »).
Les techniques de photo-interprétation ou télédétection alimentent aussi en données de description des habitats et d’occupation du sol.
• Les logiciels. Contrairement à ce que beaucoup croient, un SIG n’est pas un logiciel : certes pour être élaboré, le SIG a besoin de logiciels mais Mapinfo, Arcview, Géoconcept, gvSIG… ne sont donc pas des SIG, mais des logiciels de SIG.
Ces derniers permettent d’assurer la saisie des informations géographiques sous forme numérique (acquisition) ; la gestion de la base de données (stockage) ; la manipulation et l’interrogation des données géographiques (analyse) ; la mise en forme et visualisation (affichage). Le choix d’un logiciel est porteur d’enjeux (voir page 16).
• Les matériels. Les ordinateurs de bureaux connectés en réseau, les imprimantes-traceurs et, de plus en plus, des serveurs consultables à distance. Ces solutions de diffusion sont appelées webmapping (cartographie interactive).
• Les savoir-faire. Un SIG fait appel à divers savoir-faire et donc divers métiers. On retiendra notamment la nécessité d’avoir des compétences en modélisation (analyse Merise par exemple), géodésie (système géodésiques et projections de référence), en analyse des données, en sémiologie graphique, en cartographie.
• Les personnes. Un SIG étant avant tout un outil, ce sont ses utilisateurs qui permettent de le mettre en place et de l’exploiter.
En dépit du rôle majeur que joue la géomatique, ses outils restent sous-utilisés. Cela est essentiellement dû à la sous-estimation des aspects humains, car un SIG ne peut pas être viable sans des géomaticiens intégrés dans un rôle fédérateur.