Et si nous assumions l’insécurité ?

 

Espaces naturels n°3 - juillet 2003

Édito

Nicolas Gerardin
Chargé de mission communication Parc national de Port-Cros.

Il y a quelque chose de singulier dans la quête de sécurité développée par notre société. Dans les espaces protégés, tous les efforts attestent de cette recherche : formation sur la sécurité
en montagne, sur la sécurité en mer, sur la conduite de chantiers, dotation en matériels et équipements performants pour les agents de terrain… encadrement des visiteurs, souvent mal armés pour affronter les petits et grands dangers. N’oublions pas, non plus, toutes les publications techniques relatives à la signalitique et aux aménagements… De fait, l’aspiration sécuritaire grandissante provoque une inflation de normes nouvelles. Normes qui d’ailleurs, servent souvent de base au recours contentieux, lorsque l’accident survient.
Est-il sûr cependant que la prévention du risque objectif est l’unique cause de cette démarche ? En réalité, celle-ci est également motivée par la crainte d’être impliqué en responsabilité par des tiers. Clairement, on préfère se « couvrir ». Mais cette dérive n’est pas sans conséquence sur notre quotidien.
Plutôt que de rechercher la sécurité, ne devrions-nous pas aussi nous fonder sur l’insécurité assumée ? Plus exigeante, celle-ci s’engage, en appelle à la responsabilité, au bon sens, sollicite le jugement et la retenue… Ce qu’on nomme l’humain.