Chiens errants

 
quels dégâts…

Espaces naturels n°3 - juillet 2003

Gestion patrimoniale

K. G.

 

En France, on estime à 500 000, le nombre d’ovins tués chaque année par des chiens. Mais les fugueurs créent bien d’autres dégâts écologiques et économiques. Surtout, ne pas mésestimer.

Mort, chute lors d’une poursuite, stress pouvant induire un avortement, baisse ou arrêt de la lactation, reproduction perturbée… Les dégâts causés par les chiens errants ne doivent pas être sous-estimés, la faune sauvage, comme la faune domestique, étant concernées par ces attaques.
Parmi les mammifères sauvages, les ongulés sont les premières victimes. Une étude menée en Haute-Savoie (Esteve, 1985) révèle que 13 à 26 % de la mortalité des ongulés sauvages seraient imputables aux chiens ; les chevreuils étant les plus touchés par cette prédation. Dans la Réserve nationale de chasse du Caroux-Espinouse (Hérault), un peu plus de 4 % des cadavres de mouflons de Corse retrouvés auraient subi la prédation de chiens. Alain Bataille, agent technique à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage souligne que « cette prédation sur les ongulés est surtout importante l’hiver. Dans la neige, les cervidés se déplacent difficilement et les chiens arrivent à les épuiser. On notera que nombre de ces attaques sont le fait de huskys fugueurs appartenant à des habitants des villages proches.
Mais, toujours concernant la faune sauvage, il faut citer les dégâts causés par les dérangements. Lors des périodes de reproduction et hivernale, les galliformes qui nichent au sol sont contraints de s’envoler et s’épuisent. Les fautifs sont ici, essentiellement, des chiens de promeneurs non tenus en laisse ».
Concernant la faune domestique, les dégâts causés par les chiens sont si importants, qu’on peut les comparer à ceux causés par les grands prédateurs (en 2001, pour l’ensemble des Pyrénées, 330 bêtes dont 309 brebis furent tuées par les 11 ours adultes). D’ailleurs renchérit Emmanuel Leroy, conseiller à la Chambre d’agriculture des Pyrénées, « la grande majorité des éleveurs de notre territoire se déclare touchée par des attaques de chiens qui surviennent en zones d’estives ou à la périphérie des zones urbanisées. Les dégâts avec mortalité touchent surtout les ovins ». En France, on estime à 500 000, le nombre de tués chaque année par des chiens. Les bovins et équins subissent plutôt les conséquences de l’affolement. À propos des troupeaux domestiques, divers témoignages ont permis d’identifier que les attaques sont surtout le fait de chiens divagants appartenant à des villages voisins. Or ces agressions, si elles sont répétées, peuvent mettre en cause l’équilibre de l’exploitation.
Dégâts économiques,
écologiques, les attaques de chiens sont pourtant souvent niées. L’Homme préférant sans doute attribuer la paternité de ces forfaits à quelques prédateurs sauvages. Nier les faits… voilà qui ne simplifie pas la tâche.