Notre-Dame-de-Miremer (var) : une nouvelle vie après incendie

Le chantier de valorisation du patrimoine : de la broussaille à un jardin conservatoire

 

Espaces naturels n°32 - octobre 2010

Aménagement - Gouvernance

Laurent Boudinot
Directeur du Conservatoire du patrimoine du Freinet

 

À l’été 2003, un incendie dévaste la forêt des Maures, dont 2000 hectares sur la commune de la Garde-Freinet. Sept ans plus tard, le site de Notre-Dame-de-Miremer a changé de visage. Deux projets ont été initiés : un chantier de valorisation du patrimoine a permis la restauration des jardins en terrasse et la plantation d’un verger de figuiers ; un projet de reboisement artistique utilise les courbes de niveaux pour créer une forme d’empreinte digitale. Il s’intitule « Lignes de vues ».

Les collines abruptes du massif des Maures étaient autrefois aménagées de multiples jardins en terrasses servant à étendre la superficie cultivable et à améliorer la qualité des sols dans un cadre de polyculture vivrière. Mais l’abandon agricole a entraîné la fermeture de ces espaces, repris par le maquis et la forêt, faisant tomber dans l’oubli ces aménagements qui, pourtant, marquaient si fortement le paysage.
Ponctuellement, des incendies viennent nous rappeler cet abandon et nous laissent entrevoir des empreintes horizontales, témoins de la présence humaine. Ce fut le cas durant l’été 2003, lorsque le feu dévasta plus de 1500 ha de forêt sur la commune de la Garde-Freinet. Cette opportunité malheureuse fut le point de départ d’un projet de restauration de 17 bancaous (jardins en terrasse), soit environ 800 m linéaires de murs en pierre sèche en gneiss local sur le site de Notre-Dame-de-Miremer.
Après quatre années, avec un budget anecdotique mais de nombreuses heures de travail, aidés de bénévoles, de plusieurs équipes de scouts et d’un centre médico-éducatif (IME) de la Croix-Valmer, le paysage identitaire du territoire des Maures a progressivement été restitué.
Mais il fallait donner un sens à ces jardins retrouvés, sans essayer de revenir à une vocation originelle, d’ailleurs inconnue, mais en s’inscrivant dans un projet de développement local et dont la gestion à long terme pourrait être assurée.
Plusieurs possibilités furent envisagées : création d’un jardin citoyen, de céréales, de légumineuses, des vignes, des oliviers. Que choisir ?
Pour répondre à ces interrogations, le conservatoire du patrimoine de Freinet s’est tourné vers le Conservatoire national botanique de Porquerolles (Parc national de Port Cros). Celui-ci a proposé d’installer une collection de figuiers rares ou en voie de disparition. La résistance aux maladies, le faible besoin en eau et la rusticité de cet arbre fruitier le rendait parfaitement adapté au site. Nous avons ainsi planté 138 figuiers, soit 46 variétés différentes (sachant que chaque variété est représentée par trois plants).
Ils sont restés la propriété du Conservatoire botanique, qui, à travers cette replantation, a renforcé la capacité de préservation de ces cultivars. De son coté, la commune, propriétaire des lieux, a signé une convention qui garantit l’entretien du site.
Mais cette dernière est allée au-delà de cet engagement pour faire de ce projet un réel atout de développement. Inaugurés en octobre 2009, les jardins de Miremer sont désormais ouverts à la visite. Des balades commentées par un guide naturaliste sont proposées ponctuellement. Les lieux continuent de faire l’objet d’attention dans le cadre de stages de formation à la technique de construction en pierre sèche.
Cet exemple de réhabilitation et valorisation du patrimoine vernaculaire et paysager pourrait être reproduit, non pas uniquement comme des paysages témoins d’activités anciennes, mais comme le support d’une valorisation contemporaine. L’objectif présenté ici est, en premier lieu, la conservation. Mais l’intention aurait pu être d’ordre économique. Il n’est d’ailleurs pas exclu que dans les années à venir, les 138 figuiers soient mis en production et que soit développée une activité viable, s’appuyant sur la richesse et la diversité gustative des variétés de figues.