La pérennité du transport collectif

 
dépend des crédits publics

Espaces naturels n°16 - octobre 2006

Le Dossier

Stéphane Barelle
Communauté de communes du Briançonnais

 

Sans étude préalable, il a été possible d’agir vite et d’instituer, sans attendre, un système de navettes jusqu’au cœur du massif. Quid de sa pérennité ?

3 500 véhicules par jour en moyenne, et
des pointes jusqu’à cinq mille !
Comme la Vallée Étroite, la Vallée de la Clarée fait l’objet d’une forte attractivité. Aussi, fin 2002, constatant les importantes difficultés de
circulation, le parcage illicite, la saturation et la dégradation globale du site, le Conseil général des Hautes-Alpes1 offre aux visiteurs la possibilité d’emprunter des navettes entre Névache et le lieu-dit Laval (dix kilomètres, trente minutes). Cette expérimentation s’accompagne d’une réglementation de l’accès au site pour les véhicules à moteur.
Agir vite. C’est bien ainsi qu’il faut qualifier cette volonté politique. En effet, les élus ont souhaité intervenir sans tarder et éviter les études préalables longues et coûteuses. Le dispositif de navettes mis
en place dès l’été 2003 répond au souhait d’une démarche pragmatique, les décideurs préconisant « d’affiner le système » en fonction des effets produits.
D’importants moyens sont alors dégagés : systèmes de comptage, recrutement de quatre personnes, installation d’un panneau électronique à messages variables. La tarification, elle, est voulue très attractive : un euro la première année.
Première saison : le succès est au rendez-vous. On note notamment le désengorgement du site et l’amélioration de l’accueil. À ces effets constatés, il faut ajouter que 98 % des personnes interrogées trouvent l’initiative bonne ou excellente.
Cependant, ce plébiscite ne doit pas dissimuler
les difficultés et notamment les préoccupations financières mettant en question la pérennisation du dispositif. En effet, le coût de fonctionnement s’avère important et les recettes sont faibles. L’année suivante, les gestionnaires se voient donc obligés de corriger le dispositif, de revoir sa durée, sa tarification, ses rotations. D’essais en ajustements, la période de mise en fonctionnement des navettes, par exemple, a été successivement de trente-sept jours en 2003, cinquante et un en 2004, trente-huit en 2005 (voir tableau).
À ce jour, les navettes sont toujours en place, les impacts sur l’environnement sont considérablement réduits, la pollution atmosphérique et visuelle est diminuée… les infrastructures routières sont moins dégradées… cependant, la pérennisation du système n’est toujours pas acquise.
Après trois années d’ajustements techniques, le
système n’est toujours pas consolidé et l’inquiétude des gestionnaires réside dans la recherche de l’équilibre financier. En effet, malgré l’augmentation des recettes (liée notamment à l’augmentation du prix du billet) et la diminution des coûts de fonctionnement (rotations moins fréquentes et période de fonctionnement plus courte, moins d’investissements en équipement), le financement à la charge de la collectivité a pu être évalué à 40 000 euros en 2005.
En 2006, l’instauration d’un nouveau tarif (2 e le ticket par trajet montée ou descente) répond à la préoccupation de voir peser la charge du service sur le consommateur et non sur le contribuable. Elle conforte l’intérêt d’une fermeture systématique de l’accès à la Haute-Vallée en fin de matinée (sens montant).
Si cette démarche pragmatique a eu l’intérêt de démarrer vite, l’expérience en montre aussi les limites. Certes, un retour à la situation antérieure est peu probable mais le paramètre économique reste problématique. Il aurait pu être mieux apprécié s’il avait été intégré dans une étude de faisabilité préalable.

1. En collaboration avec la commune de Névache et la Communauté de communes du Briançonnais.