Parc naturel régional Scarpe-Escaut

Au travail, le trait du Nord

 

Espaces naturels n°32 - octobre 2010

Gestion patrimoniale

Fabrice Desort
PNR Scarpe-Escaut

 

Pour sauvegarder la race, le pôle Trait du Nord cherche à créer une filière.

À peine une trentaine d’étalons ! Les chevaux de la race trait du Nord1, qui étaient utilisés pour les travaux agricoles, tendent à disparaître. Il faut trois années et nombre d’approbations avant qu’un étalon soit reconnu « reproducteur », la majorité des éleveurs préfèrent alors diriger les jeunes mâles (80 %) vers l’abattoir.

Garantir l’avenir de la race : tel est l’objet du pôle Trait du Nord créé en 2006. Une initiative menée dans le Parc naturel régional Scarpe-Escaut.
Après avoir acquis de jeunes chevaux (vingt aujourd’hui), le pôle les éduque durant trente-six mois, en attente de leur approbation finale. Certains ne deviennent pas des étalons reproducteurs, ils sont alors vendus comme chevaux de travail (autour de 3 500 euros). 
Le pôle conserve aussi quelques chevaux pour entretenir le Parc naturel régional Scarpe-Escaut ou louer leurs services dans le cadre de contrats avec les communes ou avec l’ONF, par exemple dans le cadre de contrats de forêt.
Par ailleurs, pour pallier les risques de consanguinité, une station de reproduction favorise le regroupement de poulinières (l’an dernier, trente juments ont été saillies). Le centre permet également d’effectuer des échographies.

Le débusquage et le débardage à cheval provoquent moins de dégâts, notamment moins de tassement des sols. Et si un tracteur effectue le travail beaucoup plus vite, le sol tassé par son passage ne peut se régénérer.
La traction par cheval est aussi plus précise, car plus lente et plus maniable. Autre avantage : en forêt, par exemple, on pourra replanter de nouvelles essences un an après le transport des bois par les chevaux, au lieu de deux dans le cas du passage d’un tracteur.
C’est sur ces atouts qu’a misé le pôle pour convaincre différents gestionnaires d’utiliser de ses chevaux.
Ainsi, ces deux dernières années, des traits ont permis l’exploitation de boisements dans le Parc naturel régional Scarpe-Escaut. Ils ont également participé aux travaux de décolmatage de cours d’eau avec la fédération de pêche du Nord. Des communes rurales, telles Rieulay ou Wallers, ont fait appel au pôle pour la gestion de leurs espaces verts2.
Par ailleurs, des formations, autant pour les chevaux que pour les éleveurs et propriétaires sont organisées. Le maniement du cheval au cordeau par exemple (direction d’une seule main permettant de libérer l’autre main pour manœuvrer ou décrocher les charges tractées), réclame un savoir-faire technique impossible à improviser. Ainsi, en trois ans, ce sont trente personnes qui ont suivi cette formation. D’autres sont venues s’initier à l’attelage ou encore à la gestion des prairies. Secourisme et stretching équin sont également au programme.

Le pari est-il gagné ? Trop tôt pour le dire. Pécuniairement parlant, le centre doit encore trouver des partenaires car il ne finance pas l’intégralité de ses frais (personnel, entretien du haras, frais de pension et vétérinaire…). Aussi, au terme de quatre années d’expérimentation, les initiateurs souhaitent créer une structure multipartenariale animée par un comité de gestion permanent. Reste donc à convaincre les décideurs économiques de soutenir cette démarche et de co-construire avec les grandes collectivités territoriales l’avenir du projet.

1. Présents dans le Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Somme, Oise • 2. Notamment en forêts domaniales de Marchiennes (2 000 m3), de Saint-Amand-les-Eaux (240 m3) et dans le Parc naturel régional de l’Avesnois, en forêt de Mormal (1 020 m3).