Le Dossier
Espèces mal aimées
Bouger les préjugésLégendes, rumeurs, conflits d'usages sont souvent à l'origine des stéréotypes qui mènent à mal-aimer certaines espèces, parfois au point de les détruire. En Amazonie, une espèce de dauphin concentre l'hostilité des pêcheurs, à l'inverse de l'image positive qu'il peut avoir ailleurs. Un paramètre à prendre en compte pour les actions de protection de cette espèce en voie d'extinction.
Les modifications successives du vocabulaire des textes juridiques traduisent les évolutions de nos perceptions du monde sauvage.
Des ateliers pour dépasser sa peur, son dégoût, son rejet, Christine Rollard, chercheuse au Muséum national d'histoire naturelle, en anime sur les araignées, pour passer de la « sale bête » à la perception d’un monde soyeux.
Comment lutter contre des croyances telles que les couleuvres têteuses de vaches ou aller à l’encontre de cette rumeur qui prétend que les écologistes ont balancé des caisses de vipères par hélicoptères pour repeupler certaines régions ? Certains en sont persuadés, d’ailleurs c’est vrai, puisque la cousine de l’arrière-grand-père de la tante l’a vu !
Il est l'un des auteurs naturalistes français les plus productifs sur la pédagogie contre les idées reçues et en faveur des petites bêtes mal aimées. François Lasserre oeuvre pour faire changer les regards sur les espèces animales et végétales quelles qu'elles soient. Y compris le Frelon asiatique, qu'il nous apprend à observer dans l'une de ses dernières publications en ligne... Interview.
Faire tomber les idées reçues et changer les comportements au sujet des espèces mal-aimées peut passer par plusieurs chemins. Pour avoir une idée de ce qui peut être entrepris concrètement, détail de deux exemples autour du renard et de la chauve-souris : d'un côté une concertation fondée sur la compréhension des contraintes et volontés de chacun, de l'autre une approche plus ludique inscrivant l'espèce dans le patrimoine local.
À l’heure où, face à une situation problématique, les décisions doivent être prises de plus en plus rapidement, la réponse « action-réaction » accentue les difficultés de discernement. L’écologie permet de prendre du recul en replaçant les approches à des échelles de temps et d’espace. La complexité du vivant mérite bien plus qu’une lecture binaire dans laquelle il y aurait de bonnes et de mauvaises espèces.
Benoît-Karim Chauvin, chargé d'action éducative à l'association Kurioz (1), évoque les principes d'éducation à la différence sociale. Peuvent-ils s'appliquer au rejet de certaines espèces ? Nous voudrions changer le regard des gens sur les espèces, mais, avant de vouloir changer l'autre, sommes-nous prêts à changer nous-mêmes ?